En plein Euro, Ali Benarbia court partout. Entre la radio sur RMC et la télévision sur BFMtv, l’ancien milieu de terrain n’a guère de temps libre. Malgré tout, Foot Sur 7 est parvenu à l’interviewer, afin d’évoquer la compétition continentale, le PSG ou encore l’éventuelle reprise de l’OM avec lui. Entretien.
Foot Sur 7 – Cela fait presque deux semaines que l’Euro a débuté. Quel bilan en dressez-vous pour le moment ?
Ali Benarbia – À l’heure actuelle, il est encore un peu tôt pour tirer des enseignements importants. Cette compétition va véritablement débuter à l’occasion des huitièmes de finale. C’est à partir de ce moment que nous découvrirons les vrais visages des grosses nations. Les poules ont permis aux « petits » de démontrer de quoi ils étaient capables. Les troisièmes matches des groupes équivalent pour moi à des seizièmes de finale. Quoi qu’il en soit, l’Allemagne, l’Espagne, la France et l’Italie ont déjà affiché la couleur en remportant deux victoires.
Quelles sont les nations qui vous ont le plus impressionné depuis le début de la compétition ?
L’Italie et la Croatie. Ce sont deux équipes agressives sur le plan collectif. Elles ont su mettre du rythme dans les rencontres qu’elles ont disputées, parfois plus que l’Allemagne ou l’Espagne. Elles se projettent assez vite vers l’avant et ne privilégient pas un jeu de possession stérile. La Croatie faisait de toute façon partie des outsiders avant le début de l’Euro. Ce n’est donc pas vraiment une surprise de voir les hommes d’Ante Čačić évoluer à ce niveau-là.
Les Bleus ne sont pas vraiment séduisants depuis le début de l’Euro. Comment imaginez-vous la suite de leur parcours ?
L’équipe de France a souvent du mal lors des premiers tours des grandes compétitions qu’elle dispute. Mais Didier Deschamps peut déjà avoir des motifs de satisfaction. Il existait un gros point d’interrogation concernant la défense tricolore. En trois matches, les Bleus n’ont encaissé qu’un seul but. Dans ce secteur de jeu, c’est donc plutôt rassurant. Le sélectionneur a également pu faire tourner son effectif : c’est une sorte de luxe. À partir des quarts de finale, tout peut arriver. Si l’équipe de France ne tombe pas sur une grosse cylindrée à ce stade et que ses cadres montent en puissance, on peut s’attendre à un très joli parcours.
Quel est le match qui vous a le plus marqué depuis le début de la compétition ?
La rencontre entre la Belgique et l’Italie (0-2), lors de la première journée du groupe E. Il y a eu une grosse intensité durant ce match. Et évidemment, l’opposition Croatie – Espagne (2-1) de mardi soir, dans le groupe E. Là aussi, il y avait un gros rythme. Les Croates n’ont rien lâché, portés par leur maître à jouer, Modric, et un Rakitic qui a pris ses responsabilités. Quant à l’Espagne, elle a démontré quelques faiblesses.
Quelle sera la star de cet Euro 2016 ?
Dans les grandes compétitions comme l’Euro, on ne voit pas souvent les stars émerger dès les phases de poule. Il faut souvent attendre les quarts de finale. Mais, dès les huitièmes, nous devrions commencer à voir si les leaders techniques des grosses équipes sont à la hauteur de l’événement. Des joueurs comme Mandžukić, Thomas Müller ou Lewandowski vont probablement monter en puissance.
« L’OM est un club très intéressant à reprendre »
Passons à l’actualité de la Ligue 1. Quel regard portez-vous sur le remplacement imminent de Laurent Blanc par Unai Emery au PSG ?
Il me semble logique. Cette année encore, le PSG n’a pas atteint les demi-finales de la Ligue des champions. Laurent Blanc a voulu innover lors du match retour face à Manchester City en utilisant un schéma tactique en 3-5-2. Malheureusement, cela n’a pas fonctionné. Malgré ses excellents résultats sur le plan national, il fait les frais de cette élimination sans relief. Les propriétaires du club de la capitale veulent franchir un palier. Et ils pensent que ce n’est pas en continuant avec Blanc qu’ils y parviendront. Ils ont donc opté pour un coach étranger, qui sera amené à diriger des joueurs qui sont quasiment tous étrangers. Unai Emery sait comment gagner des Coupes d’Europe. Il est également habitué à gérer des effectifs remaniés chaque saison. J’attends avec impatience de voir la façon dont il va s’occuper du PSG.
Qu’avez-vous pensé des récents propos de Jean-Michel Aulas concernant les indemnités de départ de Laurent Blanc ?
Déjà, ça ne le regarde pas. Il devrait s’occuper de son club plutôt que de constamment commenter ce qu’il se passe au PSG. Les dirigeants parisiens ont des vues sur certains joueurs rhodaniens. Et ceux-ci seraient intéressés pour rejoindre la capitale. Paris possède aujourd’hui d’importants moyens financiers. Jean-Michel Aulas aimerait en avoir autant. C’est de la jalousie. Il voudrait également pouvoir attirer des grandes stars et jouer le titre de champion chaque année. Sauf que Lyon ne règne plus sur la Ligue 1 comme au cours des années 2000…
Concernant l’OM, pensez-vous qu’un repreneur puisse arriver dans le courant de l’été ?
Il y aura forcément un repreneur à l’OM, tôt ou tard. Marseille est un club très intéressant à reprendre, que ce soit sur le plan marketing ou au regard de l’engouement du public autour de cette équipe. Le nouveau stade Vélodrome pourrait rapidement atteindre les 60 000 spectateurs. Avec de bons actionnaires, l’OM aurait à nouveau la possibilité d’attirer des joueurs de haut niveau et ainsi revenir en haut de l’affiche. Il faudrait également que le club phocéen puisse se doter d’éléments d’expérience. Après, contrairement à ce qu’on peut souvent lire dans la presse, je ne pense pas que l’OM soit si gangréné par le « milieu »…
Sans repreneur, l’OM risque de perdre ses trois meilleurs joueurs : Mandanda, Lassana Diarra et Batshuayi. Pourrait-il alors envisager autre chose que le maintien comme objectif la saison prochaine ?
Avec l’actionnaire actuel, Marseille risque effectivement de perdre tous ses meilleurs éléments. Mais ceux-ci pourraient rester si un repreneur arrive en mettant les moyens. Après, quoi qu’il se passe, je n’imagine pas l’OM jouer le maintien lors du prochain exercice. Ce club demeure attractif pour de nombreux bons joueurs de Ligue 1.
Le mercato estival s’annonce une nouvelle fois périlleux pour le championnat de France. Les clubs anglais devraient encore « piller » la Ligue 1…
C’est d’une logique implacable. Dès qu’un club anglais décide de mettre une somme de 8, 9 ou 10 millions d’euros sur un joueur évoluant en Ligue 1, les dirigeants du club auquel il appartient sont obligés de le vendre. On continuera donc à être pillé cette année. Le gouvernement français, qui ne fait rien pour alléger les charges, est en partie responsable de cette situation. Il part du principe que les clubs de Ligue 1 sont des entreprises classiques. Or, ce n’est absolument pas le cas.
Propos recueillis par : Arnaud Lapointe.