Au cours de sa carrière, Jérôme Alonzo est notamment passé par l’ OM, Saint-Étienne et le PSG. Aujourd’hui consultant sportif pour France Télévisions, l’ancien gardien de but évoque l’actualité de ces trois clubs prestigieux en exclusivité pour Foot-Sur 7.
Foot-Sur 7 – Qu’avez-vous pensé de la vidéo d’Hatem Ben Arfa ?
Jérôme Alonzo – En la regardant, j’ai eu une montée d’empathie. Il n’y a rien de méchant ou d’irrespectueux de sa part. C’est juste un gamin paumé qui s’exprime. Il ne sait plus à quelle personne dire qu’il voudrait jouer davantage. C’est un appel au secours. C’est mignon, même si je ne pense pas que cela pourra lui permettre de monter les marches à Cannes tout de suite (rire). Mais cela révèle un problème plus grave au PSG : dans ce club, entre Nasser Al-Khelaïfi et Unai Emery, il n’y a personne pour parler aux joueurs. À l’époque, Leonardo aurait appelé Ben Arfa. Il lui aurait arrangé un dîner avec le coach ou une interview dans un média majeur. Depuis qu’il est parti, il n’y a plus de tampon entre le groupe et les hautes instances.
Que faut-il changer en priorité au PSG pour que le projet reparte de l’avant ?
Il faut un mec comme Leonardo ! Pas quelqu’un comme Kluivert, qui ne connaît rien au club. Peut-être que Jean-Claude Blanc pourrait tenir ce rôle. Il possède le charisme et le carnet d’adresses pour. Sinon, le PSG n’a pas anticipé le départ d’Ibrahimovic, au niveau du leadership dans le vestiaire et dans le groupe. Même si ce joueur n’était pas ma tasse de thé sur le plan humain, je reconnais que c’était un génie pour tenir un groupe. Paris n’a pas retrouvé ce leader psychologique pouvant tenir le rôle de « Père fouettard ».
Le club de la capitale doit-il impérativement conserver Marco Verratti la saison prochaine ?
C’est une très bonne question. Ces derniers temps, Verratti dit tout et son contraire. Ses sorties médiatiques ne sont pas contrôlées. Après, peut-on lui en vouloir de se rendre compte qu’il n’aura guère de chances de gagner la Ligue des champions avec le PSG ? L’Italien vient de comprendre que le projet a pris un peu de plomb dans l’aile, alors qu’on lui a vendu du rêve. Il en profite pour envoyer un signal avec son agent. Verratti est un joueur qui peut devenir porteur du nouveau projet parisien. Après, je fais partie de ceux qui pensent qu’il ne faut jamais céder à tous les désirs des joueurs. Si une offre mirobolante arrive sur le bureau des dirigeants pour ce joueur, il faudra peut-être réfléchir à le vendre. Personnellement, d’un point de vue de supporter, je préfère qu’il reste.
Quel bilan dressez-vous du travail de Rudi Garcia depuis son arrivée à l’OM ?
Je fais partie des premiers joueurs à avoir été entraînés par Rudi, au début de sa carrière de coach. Il aime ce métier, il bande pour le foot ! Son image de dandy est réductrice. En venant à l’OM, il a décidé de relever un sacré défi. Il est parti au feu, il s’est mis dans la gueule du loup ! Maintenant, Rudi fait ce qu’il peut. N’oublions pas que l’un de ses meilleurs joueurs, Bafé Gomis, s’est blessé. J’espère qu’il a toutes les cartes en mains. Il faut qu’il parvienne à qualifier l’OM pour une Coupe d’Europe.
L’OM s’est mis en quête d’un nouveau gardien de but pour la saison prochaine. Qui aurait le profil pour occuper ce poste ?
Steve Mandanda ! Il faut qu’il revienne, car il connaît la « maison » par cœur. Il n’est parti qu’un an. C’est comme s’il était parti prendre l’air. J’ai un grand respect pour Yohann Pelé, mais ce n’est pas un gardien qui peut amener l’OM sur le podium. Il pourrait rester comme numéro 2. Sinon, il y aurait éventuellement Benoît Costil qui pourrait avoir le profil, si Mandanda ne voulait pas revenir. Après, il y a Stéphane Ruffier. Lui, il serait l’idole du Vélodrome. Mais Saint-Étienne ne le vendra jamais à un concurrent direct.
« À l’OM, il ne faut pas mentir aux gens »
Que vous inspire Frank McCourt ?
J’attends de voir, je ne sais pas trop quoi penser de lui… Je voulais que le mec qui reprend l’OM ait du pognon. J’ai l’impression qu’il a envie de se donner les moyens de réussir à Marseille. Mais je ne voudrais pas qu’il vende du rêve aux gens. Or, avec le Champions Project, c’est un peu ce qu’il a commencé à faire. L’OM est une institution, dans laquelle il ne faut pas mentir aux gens.
Terminons par l’ASSE. Comment jugez-vous la saison des Verts ?
Comme les précédentes. Ils ont du mal à passer la vitesse supérieure. Mais que voulez-vous faire avec le Salary Cap ? Dans le foot, si on ne casse pas la tirelire, c’est compliqué…
Pensez-vous que Christophe Galtier sera toujours sur le banc de Saint-Étienne lors du prochain exercice ?
Je connais très bien Christophe Galtier. Peut-être qu’il est arrivé au bout de l’aventure dans sa tête. Si on fait attention aux signaux qu’il envoie, entre les lignes, on peut commencer à envisager son départ. C’est un phénomène d’usure naturelle. Il a probablement envie d’aller voir plus haut.
Quel regard portez-vous sur la situation de Stéphane Ruffier vis-à-vis de l’équipe de France ?
Chez les Bleus, il estime qu’il perd son temps en étant numéro 3. Aujourd’hui, si l’on juge sur les qualités intrinsèques, c’est le numéro 2 au poste de gardien de but en équipe de France, sachant que Mandanda est blessé. Ruffier est un taiseux. Il souffre de son image de joueur un peu bourru, mais c’est un mec respecté, il bosse comme un damné.
Vous êtes actuellement consultant sportif. Pourriez-vous devenir entraîneur dans les années à venir ?
C’est une question qu’on me pose régulièrement en ce moment. Être sur le terrain, je n’en ai pas envie. J’ai besoin d’autre chose. Aujourd’hui, j’apprends un nouveau métier, où je suis parti de rien. Je n’ai pas la volonté de mettre un survêtement à 8h du matin. Mon meilleur ami est coach en Ligue 2, il prend 63 cheveux blancs chaque jour !
Propos recueillis par Arnaud Lapointe.