La tension est forte entre la direction de l’OM et ses supporters. Plus de deux semaines après les incidents survenus lors de l’intrusion à la Commanderie, le centre d’entraînement de l’Olympique de Marseille, le club vient de lancer le projet Agora OM, un programme de supportérisme visant à encadrer le fonctionnement des groupes déclarés. Ces derniers ont parallèlement reçu une mise en demeure de l’OM, alors que le club dément vouloir rompre la convention sur les campagnes d’abonnement avec les associations de fans.
Le projet « Agora OM » fait bondir les Marseillais
La colère se fait de plus en plus vive du côté de Marseille, où de nombreuses voix se sont élevées contre la gestion du club sous la présidence de Jacques-Henri Eyraud. « Les supporters sont l’âme du club. Leur mise en demeure par la direction est incompréhensible, il ne peut pas y avoir des dizaines de milliers de Marseillais qui payent les conséquences de quelques excités, déjà devant la justice, a écrit sur Twitter le maire Benoit Payan. J’ai écrit à Jacques-Henri Eyraud pour qu’il calme le jeu. » Son adjointe, Samia Ghali, a écrit directement à la ministre des sports, Roxana Maracineanu : « Ce que les Marseillais attendent, ce sont des résultats. Cette dissolution est une double peine inconcevable. L’histoire de l’OM, ce n’est pas celle d’un supportérisme caporalisé. Chacun, à la place qui est la sienne, doit prendre ses responsabilités. dissolution déguisée des groupes de supporters. » Enfin la présidente du département des Bouches-du-Rhône et de la métropole Aix-Marseille-Provence y est, Martine Vassal, y est elle aussi allée de son petit mot : « L’OM c’est notre ville. C’est notre vie ! Les associations de supporters sont le cœur battant de notre club dans la ville mais aussi en dehors. Jacques-Henri Eyraud et l’OM, ne vous trompez pas. »
« Transformer l’OM en Disneyland »
Outre les réactions des politiques, René Malleville, supporter historique de l’Olympique de Marseille, s’est aussi exprimé sur le sujet sur les ondes de Radio Star, avec la crainte que ces nouvelles décisions mettent encore une fois le feu aux poudres. « Quand tu veux déclarer la guerre, tu fais ce genre de comédie, a lâché Malleville. Moi, je suis contre la violence et dieu sait si on a condamné les violences à la Commanderie. Si tu commences à me sortir des genre de communiqués comme ça… Se réapproprier le stade par les femmes, les enfants, les familles, tu n’es pas au cirque là. C’est ce que je disais l’autre jour, « transformer l’OM en Disneyland« . Alors si tu voulais déclarer la guerre, tu as bien sorti ce truc. Moi, je souhaite qu’il n’arrive rien, qu’il n’y ait pas trop de violences par rapport à ça. Mais j’ai de gros gros doutes. Et après, il ne faudra pas dire : « Ouais mais vous avez vu, ils ont tout cassé ! » Mais ils ont tout cassé pourquoi ? Je n’excuserai pas si on casse, mais pourquoi les mecs cassent ? »
René Malleville s’est ensuite insurgé contre ce qu’il considère comme une attaque faite à l’âme même du club. « C’est scandaleux. Les groupes de supporters, ce sont eux qui ont fait la renommée du Vélodrome. Moi, quand j’y allais dans les années 1965-1970, il y avait la ferveur, sans club de supporters. C’était des ambiances non maîtrisées mais extraordinaires. Quand les groupes de supporters sont arrivés, ils ont mis une ambiance, maîtrisée, canalisée et toujours extraordinaire. Ce qui a donné une ferveur et une des meilleures ambiances d’Europe. Et lui, il nous vient de chez Mickey et il nous sort des conneries pareilles. Alors Eyraud, j’ai horreur de la violence, on souhaite que ça ne déborde pas, mais si ça déborde, tu peux [te dire] : ‘mea culpa, mea culpa, mea culpa’. » Ce mardi, si l’OM tente de calmer le jeu, le mal semble encore un fois fait, et les hashtags « Boycott Agora OM » et « Eyraud démission » fleurissent sur les réseaux sociaux.