Ce jeudi, cela fait un an que Diego Armando Maradona nous a quittés, laissant derrière lui une trace indélébile sur et en dehors des terrains.
À cette occasion, Foot sur 7 vous remémore le sulfureux passage de l’Argentin à Naples. Entre son arrivée polémique, ses buts d’anthologie et ses liens étroits avec la mafia, retour sur six saisons légendaires qui ont hissé Diego au rang de dieu.
Maradona à Naples et la lumière fut
Pour recontextualiser, en 1984, l’Argentin sort de deux saisons compliquées à Barcelone, marquées par des blessures et un comportement qui crée du désordre au sein du club blaugrana. Cependant, Maradona n’est pas en reste, malgré une sensation d’inachevé, il parvient tout de même à remporter le trophée de meilleur joueur de liga lors de sa première saison.
Le point de non-retour est atteint lors de la final de la coupe du roi de 1984, où, après avoir perdu contre l’Athlétic Bilbao, Diego » pète les plombs « et assène un coup de genou ultra violent à un membre du staff du club basque, qui engendre par la suite une bagarre générale.
1984, signature record dans le modeste club du SSC Napoli
Le 5 juillet 1984, à la surprise générale, l’Argentin rejoint Naples pour un montant historique à l’époque : 12 millions de dollars. À cette époque, l’équipe enchaîne les saisons anonymes, mais cela jusqu’en 1984, et l’arrivée de Diego. Au bout d’un feuilleton qui haleta tout l’Italie durant l’été 84, l’ambitieux et controversé président napolitain, Corrado Ferlaino, parvient à enrôler la star argentine. À son arrivée, il est accueilli par plus de 60 000 tifosis au Stade São Paulo. Alors habitué à lutter contre la relégation, le club rentre alors dans une autre dimension, la plus glorieuse de son histoire. C’est le début de la légende maradonienne.
L’âge d’or napolitain
De 1984 à 1991 Maradona renaît et transcende Naples, qui gagne le premier scudetto de son histoire en 1987. Cette même année, le club s’offre la coupe d’Italie contre l’Atalanta. En 1989, l’Argentin, accompagné du Brésilien Careca, propulse le club napolitain au sommet du football européen en remportant la coupe UEFA face au VFB Stuttgart. L’année suivante, et après deux deuxièmes places, les Azzurri obtiennent leur second scudetto au détriment du grand Milan. En bref, Naples rayonne sur la scène nationale et internationale, et Diego y est pour quelque chose.
« El pibe de oro » rend fier tout une région qui, alors, très populaire, avait survécu derrière les riches clubs du nord de l’Italie (Juventus, Milan…). Il faut dire que l’Argentin est impressionnant, il éblouit de sa technique et de ses buts spectaculaires, le public est subjugué. Au-delà de son génie, c’est aussi une attitude, l’Argentin est un leader dans tous les domaines, son look et sa gestuelle ne laisse aucun tifosi indifférent. Sa croix qu’il embrasse avant de rentrer sur le terrain, ses boucles brunes, en somme, sa manière d’être, font de lui la légende qu’il est aujourd’hui. Mais si Diego est de nos jours tant dans les mémoires du football, ce n’est probablement pas dû uniquement à son aura sur les terrains.
Diego Maradona, un colosse au pied d’argile
Si Maradona est autant un symbole à Naples, c’est aussi pour ses liens étroits entretenus avec la mafia locale, la Camorra. Tout commence dès son arrivée, le jour de sa présentation, un journaliste, lui demande : » Savez-vous ce qu’est la Camorra ? « , le président de l’époque, Corrado Ferlaino s’emporte face à cette question qui laisse place à des sous-entendus. Comment un club aussi modeste a pu convaincre el Pibe de Oro de rejoindre ses rangs ? Il n’en fallait pas plus pour que l’opinion publique fantasme sur les liens qu’entretenait l’Argentin avec la mafia locale. Il n’était de secret pour personne à cette époque, que Diego était tombé dans la cocaïne lors de son passage à Barcelone, une addiction dont il ne se relèvera jamais. Maradona pouvait alors poursuivre sa consomation de drogue, en toute discretion, protégé par la pègre, qui lui permetait même d’aprehander les controles anti-dopage de l’époque sans crainte.
Néanmoins, cette relation se déteriore, la Camorra, voyant cette relation de dépendance se développer, fera chanter l’Argentin à certains moments, l’entrenant dans une lente descente aux enfers. Le point de non retour sera atteint lors de la coupe du monde 1990, ou l’Italie se fera éliminé par l’Argentine de Diego, qui marque un des tirs au but decisifs. En 1991, la Camorra lui tourne le dos, et il sera controlé positif à la cocaïne et fera ses valises de Naples, avec en prime, 15 mois de suspension.
Un passage à jamais gravé à Naples
Malgré ses excès et sa fin tragique, Maradona est aujourd’hui un héros, sauveur de tout un peuple et d’une des villes les plus pauvres d’Italie. Pour vous faire une idée, dans la plupart des foyers napolitains, se trouvait la photo de l’argentin, souvent cote à cote avec celle de Jésus, au dessus du lit. L’impacte de maradona fut telle, que le SSC Napoli, a décidé de retirer son numéro 10. Vous en voulez encore ? De 1984 à 1991, soit les sept années de Maradona à Naples, le prénom hispanique Diego, a été donné à pas moins de 527 garçons.
Paulo Maldini et Franco Baresi, considérés comme les meilleurs défenseurs de l’époque, ont décrit Maradona comme le meilleur joueur contre qui ils aient joué. Il est élu meilleur joueur du XXe siècle par la Fifa. Son but lors de la coupe du monde 1986, contre l’Angleterre est élu but du siècle… rien que ça. Enfin, en guise d’ultime homage à la légende du football, le mythique stade San Paolo se prénomme depuis l’année dernière, stade Diego Armando Maradona.