L’Angleterre a battu la Slovaquie ce dimanche et s’est qualifiée pour les quarts de finale de l’Euro 2024. Leur prochain rendez-vous sera le samedi 6 juillet face à la Suisse pour essayer de les renverser, d’aller plus loin dans la compétition et espérer son premier trophée international depuis 1966. La dernière fois que les Three Lions avaient soulevé le trophée d’un tournoi international, la coupe du monde, il a été volé. Retour sur une histoire rocambolesque qui a fait la une des médias à l’époque.
La coupe du monde volée en Angleterre
Ce scénario digne d’un thriller s’est déroulé à en plein cœur de Londres. Nous sommes à quatre mois de la coupe du monde. La FA (Football Association) reçoit une demande de prêt du trophée pour une exposition philatéliste. La demande est acceptée par le président de la FIFA, Stanley Rous sous certaines conditions. Le transport du trophée devra se faire par une grande société de sécurité. La figurine faite d’argent doit être placée dans une vitrine fermée et gardée 24 heures sur 24. Elle doit être assurée à hauteur de 30 000 livres sterling. L’exposition de timbres fait ainsi de sa vedette, le trophée Jules Rimet qui avait pour habitude d’être trimballé aux quatre coins du pays. L’événement se déroule dans une église méthodiste au Westminster Central Hall. L’exposition se déroulait bien jusqu’au jour du drame. Il est un peu plus de midi lorsque George Franklin reprend son poste dans la vaste pièce où se déroule l’exposition.
Son travail, c’est de garder un œil sur la Coupe, même s’il y a autour pour plusieurs millions de livres de timbres rares collectés partout dans le monde par des passionnés. Il n’y avait rien à signaler avant 12 h. Mais à la nouvelle ronde, un constat est fait : La coupe du monde a disparu. La coupe en argent fin plaquée or, représentant Niké la déesse grecque de la victoire, a été volée. Les timbres, dont la valeur est estimée à 3 millions de livres, n’ont pas bougé. La vitrine semble avoir été aisément forcée et une porte à l’arrière du bâtiment présente des traces de passage récent. Les voleurs auraient emprunté la sortie de secours pour arriver à leurs fins. Scotland Yard est désigné pour mener l’enquête et retrouver la coupe qui doit être remise au vainqueur de l’édition organisée dans quelques mois.
Une histoire rocambolesque
Grosse frayeur à la fédération anglaise. Pour éviter tout scandale et des représailles de la FIFA, elle fait confectionner une réplique dans le dos de celle-ci. Quelque temps plus tard, une lueur d’espoir envahit la FA. Le président Joe Mears reçoit une demande de rançon de 15 000 livres sterling. Comme dans un film hollywoodien, le maître chanteur, un certain “Jackson” exige que la fédération fasse passer une petite annonce dans le journal si elle est d’accord et ne pas contacter la police. Elle s’exécute et voici ce que l’on peut lire dans le London Evening News du jeudi 24 mars : « Prêt à faire affaire. Joe ». Un sac contenant de fausses liasses de billets est utilisé pour la rançon. Un rendez-vous est fixé. La rencontre se fait à Battersea Park, où un policier se fait passer pour un membre de la fédération.
« Jackson » flairant le piège tente de prendre la fuite. Trop tard, Jackson, en réalité Edward Bletchley, délinquant de troisième division, est arrêté. Cet ancien soldat de Sa Majesté nie être le cerveau du vol. Il reconnaît seulement avoir touché 500 livres pour jouer les intermédiaires entre la FA et un homme, qu’il appelle « Le Polonais ». Condamné à deux ans ferme pour la demande de rançon, et non pour le vol du trophée. L’identité, l’auteur de ce vol orchestré ne sera jamais connue. Pendant son procès, il continuait à proclamer son amour pour le football : « Quelle que soit ma condamnation, j’espère que l’Angleterre gagnera la Coupe du Monde ».
Pickles, le héros de la fédération
Dimanche 27 mars 1966, David Corbett doit passer un simple coup de fil. Il sort de chez lui à 21 h pour se rendre à une cabine téléphonique. Logé dans le sud de Londres, le marin de 26 ans profite de cette occasion pour promener son chien Pickles. Lors de la balade, le chien noir et blanc s’arrête tout d’un coup pour renifler un paquet. « C’était un objet solidement emballé avec du papier journal et de la ficelle. Il était posé contre une roue de la voiture de mon voisin », raconte Corbett. « Je l’ai ramassée. Il était assez lourd, bien que pas très grand. L’IRA étant très active à l’époque, j’ai d’abord cru à une bombe. J’ai reposé le paquet par terre, puis je l’ai repris et encore reposé. Finalement, la curiosité l’a emporté. J’ai un peu déballé le bas, c’était un simple disque. J’ai continué et j’ai vu ‘Brésil, Allemagne, Uruguay’. Je suis rentré chez moi en courant et j’ai dit à ma femme : je crois que j’ai retrouvé la Coupe du Monde ! »
Corbett se rend au commissariat local. Sa déclaration laisse perplexe les officiers qui estiment que cela ne ressemble pas au trophée recherché. L’authenticité de la statuette sera confirmée plus tard. Le jeune marin subit un interrogatoire de plusieurs heures, puis reste quelques semaines sur la liste des suspects avant d’être blanchi. Peu après la découverte de Pickles, l’enquête s’est poursuivie pour retrouver les auteurs du vol. Cependant, on ne saura jamais comment le trophée a atterri, emballé dans du papier journal, au sud de Londres.
La coupe disparue pour toujours
Grand soulagement du côté des organisateurs de la Coupe du monde et beaucoup de joie du côté de David Corbett, qui a reçu une récompense de 6 000 livres. Le héros Pickles verra sa célébrité de courte durée. Il meurt accidentellement étranglé par sa propre laisse en 1967. Comme si une malédiction entourait ce trophée, s’ensuivent les décès de Joe Mears 30 juin 1966 à 61 ans et d’Edward Betchley à l’âge de 49 ans.
Concernant le trophée Jules Rimet, il est volé définitivement à Rio Le 19 décembre 1983. Il était exposé au siège de la Fédération brésilienne de football. Il ne sera jamais retrouvé probablement fondu après le vol. Le seul vestige qui reste de ce trophée est la réplique fabriquée à la hâte ce 20 mars 1966. Il est exposé au National Football Museum de Preston. La coupe à l’effigie de la déesse Niké est remplacée en 1974 par la masse d’or que nous connaissons aujourd’hui, le trophée doré avec le ballon signé de l’artiste italien Silvio Gazzaniga.