INTERVIEW EXCLU : Nantes – Issa Cissokho « L’échec m’a servi… »

À l’instar de son petit frère, Aly, Issa Cissokho a connu un parcours chaotique avant de percer au plus haut niveau. Aujourd’hui âgé de 28 ans, ce latéral droit s’apprête à découvrir la Ligue 1 avec le FC Nantes, club avec lequel il avait initialement signé un contrat amateur en juin 2010.

Foot sur 7 : Comment se sont passées la reprise et la préparation ?

I. Cissokho : Super bien ! Le groupe est dans un bon état d’esprit de travail. Nous nous sommes déplacés à Annecy pour la préparation. Même si nous n’avons pas gagné nos matches amicaux, nous serons prêts pour le 9 août. Il faut que nous trouvions les automatismes pour que l’équipe prenne forme.

Dans moins d’une semaine, vous allez découvrir la Ligue 1 pour la première fois de votre carrière, avec la réception de Bastia à la Beaujoire. Dans quel état d’esprit vous-trouvez vous ?

Je suis vraiment satisfait d’être monté en Ligue 1 avec Nantes. Maintenant, je suis impatient de la découvrir. Je n’éprouve pas de stress particulier : on a tous hâte de jouer ce type de matches.

Quels sont les objectifs du FC Nantes cette saison ?

Même si nous sommes un club prestigieux, il faut être réaliste : c’est le maintien en priorité. Mais il faut être ambitieux, c’est ce qui nous fera grandir.

Le FC Nantes ne s’est pas vraiment renforcé à l’intersaison. Pensez-vous que l’effectif du club sera suffisamment étoffé pour lutter contre un retour en Ligue 2 ?

Nous avons une base solide, car nous avons gardé l’effectif de la montée en Ligue 1. Des jeunes ont intégré le groupe. Il y aura certainement de nouvelles arrivées en plus du défenseur central vénézuélien Oswaldo Vizcarrond. Avant la fin du mercato, le club se sera renforcé.

« L’échec m’a servi… Il n’y a que moi qui y croyais »

Comment expliquez-vous le fait d’atteindre le très haut niveau à 28 ans ?

Avant tout, c’est une chance d’être la. C’est le destin. Si j’avais signé professionnel avant, peut-être que je n’en serais pas la. L’échec m’a servi. Quand on sort du centre de formation, on a beaucoup d’ambitions. A l’arrivée, la déception est grande quand cela ne débouche pas sur un contrat professionnel. C’est le début de la galère : le monde amateur, l’ANPE, les ASSEDIC… J’ai pris un gros coup au moral. Pour rebondir, c’est une question de mental et de courage. Je n’ai jamais lâché l’affaire et j’ai toujours cru en moi, même si on m’a mis beaucoup de bâtons dans les roues. Je suis resté ultra-déterminé.

Le parcours de votre frère, Aly, a aussi été chaotique. Vous-êtes vous inspiré de lui pour toujours y croire ?

Ça m’a boosté. Je me suis dit que je pouvais y arriver aussi. Je me suis reconcentré pour faire quelques essais, que j’ai pu obtenir grâce à la notoriété d’Aly. J’en ai notamment fait un à Neuchâtel (Suisse) où ça s’est mal passé. Tous ces moments difficiles dans les trains et les avions, pendant lesquels j’étais seul, m’ont forgé. Il n’y a que moi qui y croyais…

Votre vie de tous les jours a-t-elle considérablement changé depuis que vous êtres devenu un « vrai » pro ?

Le regard des gens sur moi a changé. Beaucoup de personnes ont changé de discours à mon égard. Ça me fait rire, sachant que j’étais le seul à y croire. C’est de l’hypocrisie, ni plus ni moins.

« Signer sur le tard m’a permis d’avoir un entourage sain »

Aujourd’hui, comment imaginez-vous la suite de votre carrière ?

Je compte déjà savourer tous mes futurs moments passés en Ligue 1. Concernant l’argent, il ne faut pas le dépenser inutilement. Je sais d’où je viens et que l’argent ne tombe pas du ciel. J’ai un entourage sain. Le fait d’avoir signé sur le tard m’a permis d’avoir cet entourage. J’ai vu comment les gens étaient avec mon frère…

Avez-vous été sollicité au mercato ?

Pas spécialement, je n’ai pas eu de contacts concrets. J’avais décidé de rester à Nantes avant l’ouverture du marché des transferts.

Avez-vous eu une discussion avec votre coach au sujet de votre statut de titulaire ?

Non. Pour l’instant c’est moi qui suis titulaire. On verra s’il y a d’éventuelles recrues à mon poste. C’est bien d’avoir un concurrent, sinon tu te laisses aller et tu rentres dans une routine. Il faut prouver au quotidien que l’on mérite un statut de titulaire.

Comment vous-entendez vous avec Chaker Alhadhur, qui est votre concurrent au poste de latéral droit ?

Très bien. Nous sommes bons amis dans le vestiaire. C’est quelqu’un qui est très respectueux des anciens. Notre concurrence est saine et propre.

Vous avez récemment été convoqué en sélection sénégalaise, pour la première fois de votre carrière. Qu’avez-vous ressenti en apprenant la nouvelle ?

Une grosse émotion et une grande fierté. Je ne sais même pas comment j’ai fait pour y arriver sachant d’où je pars. C’est le pays de mes parents. Maintenant, je vais devoir faire connaissance avec les internationaux sénégalais, que je n’ai vus qu’à la télé pour le moment.

Interview réalisé par Arnaud LAPOINTE