A l’heure où deux des probables meilleurs joueurs de football de tous les temps se tirent la bourre chaque année pour le Ballon d’Or, la relève semble avoir du mal à s’imposer. Une donnée qui n’empêche cependant pas une constante inflation sur le marché des transferts concernant les ‘futurs talents’.
Garantir la prudence… grâce à la démence
En juillet 2009, Karim Benzema était transféré de l’Olympique Lyonnais au Real Madrid contre la somme de 35 millions d’euros. A l’époque, ce montant paraissait démentiel pour un joueur seulement âgé de 22 ans. Florentino Perez, déjà à la tête des Merengues à ce moment là, expliquait alors que le club « misait sur l’avenir » avec un tel investissement.
En seulement six ans, le tarif des ‘grands joueurs d’avenir’ est passé d’une somme moyenne de 35 millions d’euros à quasiment 80 millions d’euros… pour des jeunes au pedigree pourtant moindre.
Anthony Martial à 80 millions d’euros, dont 30 de bonus, c’est : deux saisons en Ligue 1, dont une pleine, 11 buts marqués, quelques bonnes actions sur la scène européenne, aucun trophée majeur remporté… et surtout 0 sélection en Equipe de France.
A titre de comparaison, Karim Benzema lors de son transfert en 2009 c’était : trois saisons pleines en Ligue 1, quatre titres de Champions de France, un titre de meilleur buteur du championnat, 12 buts en Ligue des Champions… et déjà 24 sélections en Equipe de France (6 buts).
Pour rappel, le coût du mouvement de Cristiano Ronaldo – Ballon d’Or 2008- au Real Madrid était de 94 millions d’euros en 2009… soit simplement 14 millions d’euros supplémentaire qu’Anthony Martial en 2015.
Un nivellement du mercato par le bas
Au-delà des chiffres, la tendance générale démontre que les gros clubs européens -mis à part les mastodontes déjà implantés- sont obligés de parier (très gros) sur l’avenir à défaut de pouvoir s’accaparer des valeurs sûres sur le marché des transferts.
Cela provoque ainsi un nivellement du mercato par le bas et non plus par le haut, comme cela était le cas durant l’ère des Galactiques puis au début des Galactiques 2.0 dans les années 2000 avec le renfort massifs de joueurs confirmés et de Ballons d’Or chez les Merengues.
Comme le confiait José Mourinho ces derniers temps, un nouvel élément clé du problème est à prendre en considération. Si les puissants sont de plus en plus nombreux, « seuls le Bayern Munich, le Real Madrid et le FC Barcelone ont aujourd’hui le pouvoir d’arracher la signature de n’importe quel joueur sur cette planète ou de retenir un des leurs. »
Les clubs disposant des moyens répondant à leurs ambitions, qui se situent exclusivement en Premier League à l’exception du Paris Saint-Germain, sont donc contraints de recruter dés à présent -et au prix fort- des valeurs montantes qui termineront sans aucun doute, tôt ou tard, dans la ‘Triade’ du football européen.
De l’argent en masse… mais une pénurie de talents confirmés
Arsène Wenger en a d’ailleurs fait l’amer constat récemment. Selon lui, les nouveaux riches ne souffrent pas d’un manque d’argent, malgré l’instauration du Fair-Play Financier, mais d’un manque de joueur sur lesquels dépenser des fortunes de manière légitime. A travers un entretien accordé à beIN Sports, le manager des Gunners d’Arsenal FC s’est ainsi penché sur le transfert d’Anthony Martial.
« Cela montre que ce n’est pas l’argent qui manque en ce moment. Ce n’est pas non plus l’envie d’investir qui manque. C’est le nombre de joueurs qui sont capables de renforcer ces grands clubs (qui fait défaut). A l’heure actuelle, le problème est de trouver les joueurs qui garantissent que vous aurez une meilleure équipe (…) A 19 ans, Martial est un énorme talent. L’investissement est également énorme. Cela montre qu’il n’y a pas beaucoup de joueurs dans le monde capable de renforcer ces équipes. »
Toutes ces données semblent donc être les prémices d’une redistribution générales des critères justifiant le coût d’un transfert. Et après avoir vu l’ancien Monégasque s’envoler en direction de Manchester United pour 80 millions d’euros, Kevin De Bruyne rejoindre Manchester City au même montant ou encore Raheem Sterling rallier l’Etihad Stadium contre 68 millions d’euros cet été, qui osera désormais affirmer qu’un transfert de Lionel Messi ou de Critiano Ronaldo à 150 millions d’euros serait trop onéreux…