La non-qualification de l’Olympique Lyonnais pour la prochaine Ligue des Champions frustre-t-elle son président Jean-Michel Aulas au point de lui faire perdre les pédales ? Peut-être, car en une interview, le patron de l’OL a multiplié déclarations et pics acerbes, pour concentrer sur lui l’attention d’une manière bien étrange.
Il y a d’abord eu l’épisode Ruffier. En prévision du départ d’Hugo Lloris, proche d’un transfert à Tottenham, Aulas a évoqué son intérêt pour le portier Stéphanois, égratignant au passage Rémy Vercoutre, l’actuel gardien Lyonnais numéro 2. « Rémy Vercoutre a fait pas mal de conneries la saison dernière, donc on verra. A déclaré le président Lyonnais dans les colonnes du Progrès. Et si Rémy Vercoutre n’est pas à la hauteur, on aura des possibilités avec Cedric Carrasso ou Stéphane Ruffier. » Il n’en fallait pas moins pour déclencher la furie de Roland Romeyer, le président du directoire de l’ASSE : « Vous pouvez dire à Jean-Michel Aulas que ce n’est pas la peine de me déranger. Je ne veux même pas parler avec lui (…) Avec de tels propos, il essaye de déstabiliser notre équipe. Aulas veut mettre le bazar à l’ASSE. Et très franchement, je n’apprécie pas. »
Et toujours dans cet entretien accordé au journal Le Progrès, où il a vraisemblablement tenu à régler quelques comptes, Aulas en a profité pour critiquer de nouveau le travail de l’ancien entraîneur Lyonnais, Claude Puel. Pour lui, « Hugo (Lloris)a été dégoûté par Claude Puel », et ses velléités de départ actuelles n’en sont que la conséquence. Mais le plus grand fait d’armes du président de l’Olympique Lyonnais aura été tout autre ; car qu’il joue la provocation contre Saint-Etienne, ou qu’il égratigne Claude Puel, au vu des inimitiés existantes, passe encore. Mais que Jean-Michel Aulas fasse plus fort encore, en s’en prenant frontalement aux cadres de sa propre équipe, la démarche est beaucoup plus surprenante. Dans le collimateur du président : Cris, Kallström, Bastos et Cissokho. « Cris ne peut plus rester avec nous, s’il s’en va, on aura un plan B qui peut très bien venir du Brésil, a-t-il déclaré. Claude Puel avait fait resigner Cris car il le craignait. J’ai vu un très bon Källström à l’Euro 2012, et je n’ai pas vu du tout le même avec nous la saison dernière (…) Bastos ? À deux ans d’un Mondial au Brésil, il va aller beaucoup mieux croyez-moi. Cissokho ? Il paraît qu’il a changé d’agent et que ça va aller mieux, alors il va partir, et le petit Dabo sera avec nous. »
Ces propos ont eu le don de semer une parfaite zizanie dans les rangs de Lyonnais actuellement en phase de préparation. Michel Bastos, amer, a réagit sur Tweeter : « Je suis très triste de tout cela. Si je dérange, je préfère m’en aller ». Lisandro, pour sa part, n’a pas caché son étonnement aujourd’hui en conférence de presse, se disant notamment surpris par la manière dont Jean-Michel Aulas a dénoncé l’implication de certains joueurs : « C’est d’abord un peu délicat de parler de cela. Je pense que quand on tient des propos d’une telle dimension, cela amène des conséquences. Alors le groupe est un peu tendu, surpris ». Quant à Rémi Garde, également surpris par la manière, il préfère « laisser passer l’orage ».
Confronté à des difficultés économiques et sportives, puisque non qualifié pour la Ligue des Champions, l’OL sort d’une saison frustrante en plusieurs points. Jean-Michel Aulas a préféré faire porter le chapeau aux cadres de l’équipe pour ne pas reconnaître ses erreurs dans la nouvelle politique Lyonnaise. Spectateur du mercato intensif des trois premiers de la dernière saison de Ligue 1, le président de l’OL tente de faire exister son club sur un marché dont il est exceptionnellement absent, même si sa méthode ne sert pas l’image de l’Olympique Lyonnais. Ainsi, après cette sortie médiatique explosive, beaucoup partageront, ou non, l’avis de Claude Puel qui disait aujourd’hui, pour clore le débat : « Jean-Michel Aulas a encore pété un câble ».