Le Brésil a été tenu en échec par le Costa Rica lors de son entrée en lice en Copa América ce lundi soir. Un résultat qui intervient quelques jours après les critiques de la légende Ronaldinho sur le niveau de l’équipe. Cette nation jadis flamboyante semble décliner au fil des années, causant un désintéressement des habitants du pays de la samba.
Copa America : Les critiques de Ronaldinho
« C’est peut-être l’une des pires équipes de ces dernières années. Elle n’a pas de dirigeants respectables, que des joueurs moyens pour la majorité. Manque d’amour pour le maillot, manque de cran et surtout de football », lançait Ronaldinho le 15 juin dernier sur son compte Instagram. La diatribe de Ronnie contre la Seleção faisait en réalité partie d’une campagne publicitaire de la marque Rexona, sponsor de la Copa América 2024. Son objectif, montrer l’impact des critiques des supporters sur les joueurs de l’équipe nationale, avant ses débuts dans la compétition. Mais force est de constater que ce discours fait écho après d’une bonne partie des Brésiliens et même des amateurs de football après la prestation des auriverdes.
La Seleçao n’a pu faire mieux qu’un match nul face au Costa Rica. Les Brésiliens ont multiplié les occasions, mais ont manqué de réussite devant le but. Les hommes de Dorival Junior pensaient avoir fait le plus dur en ouvrant le score à la demi-heure de jeu grâce à Marquinhos, mais son but inscrit sur corner a logiquement été refusé pour hors-jeu. Un poteau de Lucas Paqueta a suivi en seconde période et le Brésil doit se contenter d’un maigre point tandis que dans l’autre match du groupe, la Colombie a battu (2-1) le Paraguay, prochain adversaire de la Seleçao.
Un football en décadence depuis 2014
Ce match donnerait-il raison aux propos de Ronaldinho, même ce n’était qu’une mauvaise blague ? Au vu des récentes campagnes de l’équipe, il est difficile de passer outre le fait que la sélection brésilienne commence à perdre sa gloire et réputation d’antan. Malgré une Copa América remportée en 2019, le Brésil n’arrive toujours pas à s’imposer comme il en avait l’habitude avec son jeu flamboyant et ses joueurs talentueux. Le Joga Bonito qui extasiait le monde entier et faisait vibrer les habitants du pays de la Samba semble mourir à petit-feu. La preuve en est que les relations sont tendues entre les Brésiliens et leur équipe. D’après une étude de Quaest Consultoria datant de novembre 2023, 48 % des Brésiliens amateurs de football ne s’intéressent plus à leur Seleção. Et ce n’est pas la perspective de la Copa América qui va changer la donne.
Mais ce désintéressement total ne date pas d’aujourd’hui. Pour saisir les racines profondes de ce désamour, il faut remonter jusqu’en 2014. La compétition qui devait être l’une des plus belles de l’histoire vira au drame. Des buts, des larmes, des buts et encore des larmes. La fin de la Coupe du monde est devenue un cauchemar pour le Brésil, qui a encaissé dix buts sur ses deux derniers matchs devant un peuple dépité, passé de l’espérance d’un titre à domicile au profond désespoir de l’humiliation. Un peuple qui, une fois passé le traumatisme, a essayé de chercher un responsable. À l’époque, Fred, Scolari, Thiago Silva, la CBF et la blessure de Neymar étaient les mots (ou maux) qui revenaient dans la bouche des locaux pour expliquer le déclin de leur équipe nationale.
Une humiliation inoubliable pour les brésiliens
Tous avaient leur part de responsabilité, certains plus que d’autres. Mais pour que l’équipe lave cet affront et retrouve son lustre d’antan, il aurait fallu que les acteurs du football brésilien assument leurs erreurs. Leur meilleur résultat en coupe du monde depuis leur sacre en 2002 reste cette demi-finale en 2014. Et dix ans plus tard, la Seleção ne s’est pas vraiment relevée de cette humiliation, et la CBF n’a toujours pas entrepris les réformes promises après la débâcle. La polarisation croissante de la société brésilienne ne fait pas non plus les affaires de l’équipe nationale, censée unir le pays autour d’un même maillot. Ce dernier est d’ailleurs devenu malgré lui un symbole important du bolsonarisme. Un phénomène qui pourrait changer avec le nouveau président, mais demeure une explicatio à la baisse de l’engouement autour d’une équipe qui semble avoir oublié le joga bonito, comme en témoigne la purge face au Costa Rica.
De plus s’ajoute la diminution du nombre de joueurs de l’équipe nationale évoluant dans le Brasileirão. Un éloignement qui contraint les supporters de la Seleção à entretenir une relation à distance avec leurs joueurs, qui sont de moins en moins connus du Brésilien lambda. Les pépites du plus grand pays d’Amérique latine s’exilent de plus en plus jeunes, comme l’illustrent les cas Endrick et Estevão, respectivement promis au Real Madrid et à Chelsea à seulement 17 ans. La question qui se pose maintenant est : La Copa América 2024 peut-elle permettre à Vinícius et ses copains de reconquérir les cœurs des Brésiliens et redorer le blason du Brésil ? L’issue de cette compétition qui se termine le 14 juillet nous le dira.