Un soir magique, un soir pour l’histoire en Géorgie. La sélection entraînée par Willy Sagnol a réalisé un grand exploit, mercredi, en battant le Portugal lors de la troisième et dernière journée de la phase de groupes de l’Euro 2024. Elle décroche donc pour la première fois de son histoire, une place en phases finales d’une grande compétition internationale. Couverte de louange, la Géorgie ne fait que récolter les fruits d’une gestion sérieuse et ambitieuse de sa fédération et le travail acharné de son sélectionneur.
La Géorgie qualifiée pour les huitièmes de finales
Ils l’ont fait. Les joueurs de Willy Sagnol ont décroché leur ticket pour les huitièmes de finales de l’Euro en dominant logiquement le Portugal. Grâce à des buts de Khvicha Kvaratskhelia et Georges Mikautadze lors de la 3ᵉ journée du groupe F, la Géorgie va disputer, pour la première fois de son histoire, les phases à élimination directe. Seul néophyte de l’Euro 2024, cette séléction faisait figure de petit poucet dans ce groupe, aux côtés du Portugal, de la République tchèque et de la Turquie. Mais son parcours porte la griffe de son sélectionneur : humble et résilient, après la désillusion des barrages de l’Euro 2021. » C’est le héros de la Géorgie », affirmait Nikolo Kvekveskiri à propos de Willy Sagnol, après un match amical contre la Macédoine du Nord le 9 juin.
Un qualificatif que refuse l’intéressé, préférant mettre en valeur une réussite collective : « Nous devrions considérer cette victoire comme une récompense pour cette Fédération, estimait le vice-champion du monde 2006 dans un entretien accordé au site de l’UEFA. Elle essaie de faire progresser les jeunes. J’espère que la participation à l’Euro apportera à la Fédération et à la nation géorgienne une expérience qui nous poussera à réaliser de nouveaux exploits à l’avenir. » L’ancien est sélectionneur des Bleus Espoirs est conscient que si ce pays de 3,7 millions d’habitants s’est hissé parmi les meilleures sélections européennes durant cet Euro, il le doit surtout au travail de longue haleine de la Fédération géorgienne de football (GFF).
Le soutien sans faille de la fédération
Une fédération très investie et d’un soutien sans faille. Un investissement illustré par la création d’une Académie nationale en 2014 et qui se traduit rapidement par un nombre de licenciés plus que doublé, passant de 14 676 en 2015 à 37 600 en 2021. Il va en résulter l’éclosion récente de certains des plus grands talents de l’histoire du pays, à l’image de Khvicha Kvaratskhelia, héros du titre napolitain en 2023, élu meilleur joueur de Serie A et 17ᵉ du Ballon d’or la même année. La récompense de ce travail de fond est d’abord venue d’une première participation à l’Euro Espoirs en 2023, co-organisé avec la Roumanie, et une épopée achevée en quarts de finale. Cinq joueurs de cette équipe U21 sont du voyage en Allemagne cet été, dont le Bordelais Zuriko Davitashvili et le gardien Giorgi Mamardashvili (Valence), parmi les meilleurs du championnat espagnol.
Des talents sur lesquels Willy Sagnol a su s’appuyer : malgré un jeu minimaliste, la Géorgie a terminé invaincue en Ligue des nations C pour rallier les barrages de l’Euro, avant de valider son ticket en écartant le Kazakhstan (2-0) puis la Grèce (0-0, 4-2 t.a.b.). S’il a bénéficié du travail de fond de la Fédération géorgienne de football (GFF) et d’une belle génération de joueur, il bel et bien transformé son équipe en trois ans. Des équipes qualifiées pour l’Euro 2024, la Géorgie est celle qui a le moins marqué lors des éliminatoires (1,4 but par match) et le moins tenu le ballon (43,4 % de possession), mais aussi celle dont le gardien, Giorgi Mamardashvili, a été le plus décisif (34 arrêts).
Un rendez-vous avec l’histoire
Pourtant, rien ne semblait destiner le Stéphanois aux 58 sélections en équipe de France à s’asseoir sur le banc de la Géorgie. Sa dernière expérience de technicien remontait à cinq ans, après avoir coaché les M20 puis les Espoirs français, les Girondins de Bordeaux, et avoir occupé un poste d’adjoint au Bayern Munich. Il y a eu une vraie coupure, mais elle était volontaire selon Sagnol. Ses débuts étaient difficiles avec sept défaites en neuf matches. Mais les acteurs du football géorgien laissent le français travailler, et ensuite la machine se met en route. Le sélectionneur expliquera avoir « rajeuni l’effectif », profitant d’une politique de long terme mise en place par la GFF, « les infrastructures, les académies ». Le finaliste du Mondial 2006 a également choisi de vivre sept mois par an en Géorgie. Il a tenu à passer beaucoup de temps là-bas, car selon lui, la culture locale a un vrai impact sur la façon dont joue une équipe nationale. Il était donc important de la comprendre. Son objectif : donner une belle image du football géorgien, glaner quelques pourcentages de confiance en plus et davantage d’expérience.
Pour davantage marquer les annales du football, place, maintenant, à l’Espagne contre qui la Géorgie est bien décidée à jouer sa carte. La victoire 2-0 contre le Portugal qui lui a permis de faire partie des quatre meilleurs troisièmes de la compétition et d’avoir le droit de défier la Roja dimanche prochain. Un match qui s’annonce palpitant. Mais attention, le 8 septembre dernier, la Géorgie s’était inclinée 1-7 à domicile face aux hommes de Luis de la Fuente. Elle avait mieux résisté deux mois plus tard à Valladolid (défaite 1-3). Réussira-t-elle dimanche ce qui serait alors l’un des plus grands exploits de l’histoire de la compétition ?