Le Stade Rennais a subi une lourde défaite sur la pelouse des Londoniens de Chelsea (0-3), pour la troisième journée de Ligue des champions. Pourtant, les Rouge et Noir n’ont pas démérité, même réduits à dix contre onze, à la suite d’une décision de l’arbitre Felix Zwayer, qui étonne et choque, alors que l’homme en noir a déjà été mêlé, par le passé, à une affaire de corruption.
Chelsea – Stade Rennais : des décisions que personne ne comprend
Le Stade Rennais pensait avoir pourtant préparé cette rencontre de la meilleure des manières. Après leur match nul inaugural au Roazhon Park contre les Russes de Krasnodar (1-1), pour le tout premier match de leur histoire en Ligue des champions, les Rouge et Noir avaient appris le haut niveau en Andalousie, après une courte défaite (0-1) face au Séville FC qui aurait pu être beaucoup plus lourde, et ils pensaient bien, pour leur déplacement à Chelsea, entrer définitivement dans leur compétition. C’est ce qu’ils ont fait à Londres, mais plusieurs coups du sort les ont empêchés de sortir victorieux, ou au moins avec un nul, de leur duel avec les joueurs de Frank Lampard, avec qui ils ont pourtant fait jeu égal quasiment toute la rencontre. Le premier penalty concédé par Dalbert, à la 10e minute, ne souffre d’aucune contestation. Le latéral Rennais, vraiment pas au mieux depuis son arrivée de l’Inter Milan, n’a pu retenir son geste alors qu’il était très en retard face à Timo Werner et a accroché le pied de l’attaquant allemand.
Mais ce sont deux autres décisions arbitrales que les Rennais n’avalent pas. Dès la 7e minute, à la suite d’un corner et d’une tête rennaise, le défenseur français de Chelsea, Kurt Zouma, touche involontairement le ballon de la main. Les Rouge et Noir lèvent les bras, interpellent Felix Zwayer, l’arbitre allemand de la rencontre, et attendent un arrêt de jeu espérant une intervention de la VAR. Mais rien ne se passe, la vidéo n’est pas consultée par l’officiel et le jeu reprend pour deux petites minutes avant le premier penalty londonien. Un simple fait de jeu jusqu’alors, qui va prendre une toute autre dimension à la 40e minute. Sur une attaque de Chelsea, Tammy Abraham frappe. Son tir est dévié par Dalbert, qui se trouve à quelques mètres de lui. Le ballon frappe le tibia du défenseur Rennais avant de remonter et toucher son bras, légèrement décollé du corps, au niveau du torse. Situation inverse du début de match, mais cette fois, M. Zwayer est appelé par le car vidéo et décide d’aller lui-même vérifier l’action sur l’écran de contrôle, avant d’accorder un second penalty à Chelsea et de donner un second carton jaune à Dalbert, synonyme d’expulsion. On joue alors la 41e minute et le match est déjà plié. Le Stade rennais va encaisser un troisième but au retour des vestiaires, mais va faire jeu égal avec l’équipe de Frank Lampard toute la seconde période, gardant la possession du ballon et développant d’intéressantes actions.
Que disent les règles du jeu et les observateurs ?
L’action a entraîné la consternation générale, que cela soit dans les rangs rennais, londoniens, du côté de la presse ou des observateurs neutres. D’abord, il y a une incompréhension et une impression de deux poids, deux mesures, quant à la main non « checkée » de Kurt Zouma en tout début de match. Le ballon est venu, à une distance plus grande et avec une force moindre, frapper la main du Français, dont le bras n’était ni décollé, ni plaqué au corps. Une vérification plus conséquente que celle qui a eu lieu était attendue, mais Felix Zwayer n’a même pas pris la peine de se déplacer jusqu’à l’écran de contrôle. Le deuxième point, c’est la double sévérité de la décision de l’arbitre sur le second penalty de Chelsea. L’un des points cruciaux, c’est le fait que Dalbert dévie une première fois le ballon avant de le voir toucher son bras. L’ancien arbitre international Bruno Derrien a d’ailleurs rappelé, sur Twitter, la loi 12 : « La faute de main d’un défenseur ne sera pas sanctionnée si le ballon a rebondi depuis une autre partie du corps, le contacte avec le ballon était presque impossible à éviter. » Clair, net et précis, mais pas pour Félix Zwayer, qui a évoqué une autre partie de ladite loi, qui sanctionne un joueur augmentant sa surface corporelle ou levant les bras au-dessus de l’épaule. Dans le cas du latéral du Stade rennais, Dalbert, c’est également critiquable.
Quiconque a vu l’action en direct s’en est au minimum étonné. Les membres du Stade Rennais, en premier lieu. L’entraîneur Julien Stéphan se demande « pourquoi sanctionne-t-il (l’arbitre) cette main-là ? Je ne sais pas. Derrière, il doit y avoir de la psychologie, car il tue le match en mettant un deuxième carton jaune. Ils ont revu l’action, ils ont checké, ils ont pris leur décision qu’on ne comprend pas. » Le président des Rouge et Noir, Nicolas Holveck regrette d’avoir « été arbitré comme un petit nouveau » et aimerait qu’on lui « explique la règle : il y a la VAR sur la main de Dalbert, mais pas sur celle de Zouma ». Frank Lampard, le coach de Chelsea, s’est mis dans la peau de son homologue breton : « Si j’étais l’entraîneur du Stade rennais, je ne serais pas content, mais ce sont les règles en compétitions européennes. » Des règles européennes qui surprennent jusqu’aux observateurs et consultants anglais, l’ancien joueur Gary Lineker en tête : « C’est une décision stupéfiante de l’arbitre en faveur de Chelsea, après avoir regardé l’écran vidéo. Absurde. »
L’arbitre Felix Zwayer déjà mouillé dans des affaires de corruption ?
Une interprétation de la règle qui sert de refuge à l’arbitre qui, en revanche, aura bien du mal à s’expliquer quant au second avertissement qui renvoie Dalbert au vestiaire avant la mi-temps. Le journaliste de l’AFP Frédéric Happe, basé à Londres et ancien suiveur du Stade rennais pour l’Agence, ne trouve pas non plus de réponse sur Twitter. « Je ne vais pas défendre une décision que moi même je ne comprends pas, mais l’expert en arbitrage de BT Sports disait aussi que lui n’aurait pas sifflé, mais que c’était une interprétation possible de la règle, a écrit le journaliste. Le penalty est très sévère, mais le deuxième jaune est délirant. Et je ne sais même pas comment il (l’arbitre) le justifierait. Comportement antisportif ? Mais pour une main comme ça, ce serait indéfendable. » Les conséquences sont finalement « disproportionnées » pour les Rouge et Noir, une décision « ridicule » pour Glenn Hoddle, ancien international et sélectionneur anglais. L’Équipe, de son côté, déprime : « Le football perd quand une décision pareille est prise. »
Il n’en fallait pas beaucoup plus pour ressortir les dossiers, les cold cases, du Stade rennais en Coupe d’Europe. Ouest-France écrit que « cela commence à faire beaucoup pour Rennes après la suspension surprise de Steven Nzonzi la semaine dernière juste avant la rencontre face à Séville. Et personne n’a oublié les épisodes de 2019 face à Arsenal (huitièmes de finale de Ligue Europa) où les matches avaient été inversés au dernier moment, tout comme la suspension d’Alexandre Lacazette, levée à la veille du match retour à la surprise générale ». Et le quotidien de l’Ouest de sortir une vieille affaire concernant l’arbitre Felix Zwayer. Ce dernier a « déjà trainé dans des affaires de corruption ». Die Zeit assure en effet que Zwayer avait été impliqué dans une histoire de matches arrangés contre des sommes d’argent, en 2004, alors qu’il était juge de touche en 2e et 3e division allemande. Si l’arbitre central avait été condamné pour « escroquerie en bande organisée », Felix Zwayer avait lui écopé de six mois de suspension « pour avoir tardé à révéler des informations liées à l’affaire ». Ouest-France ajoute : « Bien que soupçonné directement pour avoir touché 300 euros sur un match, l’arbitre de la rencontre (face à Chelsea) n’a finalement jamais été repris par la justice. » Du grain à moudre pour les supporters du Stade Rennais, qui n’ont pas hésité à clamer « UEFA MAFIA » sur les réseaux sociaux.