Euro 2024 : Quand le prestige prime sur le niveau de jeu !

Espagne, France, Angleterre, Pays-Bas. Voici les quatre nations qui vont s’affronter pour les demi-finales de l’Euro 2024. Avec des matchs peu excitants, les quarts de finale auront confirmé une chose : cet Euro n’est pas celui du spectacle. Les performances de la France et l’Angleterre peuvent en témoigner. Ces équipes qualifiées malgré leur niveau de jeu montrent que le prestige, l’expérience et les titres pèsent toujours très lourd. Focus sur les équipes demi-finalistes

Euro 2024 : L’Espagne, une exception à la règle

En termes de prestige, on ne pouvait tout simplement pas rêver mieux au vu des affiches des quarts. La Roja est en excellente forme en Allemagne, où elle a remporté ses cinq matches en marquant 11 buts et en n’en encaissant que deux. Il serait même osé de mêler la Roja au débat du beau jeu : l’équipe de Luis de la Fuente a été, dès le début du tournoi, l’une des rares formations particulièrement enthousiasmantes. L’ailier Lamine Yamal est entré dans l’histoire en devenant le plus jeune joueur à participer à un Euro contre la Croatie, puis il a délivré une passe décisive lorsque l’Espagne a montré son courage en battant le pays hôte en prolongation en quart de finale après avoir concédé l’égalisation en fin de match.

Si les espagnols arrivent à se hisser en finale et remporter le titre, ils deviendront la première équipe à remporter quatre titres de champion d’Europe. Bien qu’elle ait disputé moins de finales que l’Allemagne, l’Espagne a remporté la compétition à trois reprises (1964, 2008, 2012), soit autant que la Mannschaft. On n’en dira évidemment pas autant des Bleus. Mais avec deux titres européens dans la collection et trois finales lors des quatre dernières grandes compétitions qu’elle a disputées, l’équipe de France était attendue à la table et ne s’est pas privée d’honorer l’invitation, au détriment d’une sélection portugaise qui n’était de toute façon pas plus séduisante qu’elle, ni dans le jeu ni sur le papier.

La France critiquée, mais toujours efficace

Malgré les critiques, les Bleus restent invaincus. Après avoir renversé la Belgique en huitièmes de finales, les Bleus ont de nouveau fait preuve d’une grande efficacité sur les tirs au but en quart. Ils ont converti cinq tirs sur cinq pour se venger de leur défaite en finale de l’Euro 2016 face au Portugal. L’une des figures les plus décorées du football mondial, Deschamps sera donc impatient de mettre la main sur le seul trophée qui lui a échappé en tant qu’entraîneur. Il en est passé tout près en 2016, et cette déception devrait attiser la flamme de ce compétiteur acharné. Doté d’un caractère froid et d’une communication mesurée, le vainqueur de la Coupe du monde semble bien placé pour mener son équipe à la gloire.

De l’autre côté du tableau, l’Angleterre court après son premier grand titre depuis 1966, et après son premier sacre européen depuis toujours. Mais les Three Lions, vice-champions d’Europe en titre, faisaient partie des favoris avant le début du tournoi, au même titre que les Bleus. Leurs trois derniers matchs ont donné un aperçu du génie que peuvent produire des attaquants tels que Jude Bellingham, Harry Kane et Phil Foden. Le coup de tête de Bellingham a forcé la prolongation lors de la victoire en huitième de finale contre la Slovaquie, avant que Kane n’inscrive le but de la victoire de la tête. Les anglais ont également été menés au score contre la Suisse, mais sont revenus dans le match grâce à Bukayo Saka. Ils ont fini par s’imposer aux tirs au but, en convertissant les cinq tirs.

Un dernier tour de prestige

Tant pis s’ils ont cumulé moins de « buts attendus » que Kai Havertz. Les têtes d’affiche sont là. Après avoir atteint une finale de l’Euro, un quart de finale et une demi-finale de la Coupe du monde lors de ses trois grandes compétitions, les Three Lions sont à une victoire d’une deuxième finale consécutive de l’Eeuro. Southgate cherchera à tirer le meilleur parti des nombreux talents à sa disposition dans le dernier carré. Restent les Pays-Bas, qui n’ont certes pas grand-chose à voir avec leurs aînés titrés en 1988 (Van Basten, les frères Koeman, Gullit, Rijkaard)… mais qui ont au moins eu l’idée appréciable, pour le spectateur, d’ouvrir un peu plus les vannes, offensivement (9 buts marqués) comme défensivement (5 encaissés). Les Oranje n’ont pas eu de mal à se qualifier pour les quarts de finale, battant confortablement la Roumanie 3-0 dans un match où ils ont montré à quel point ils peuvent être dangereux.

Ils ont ensuite remporté une victoire à l’arraché contre la Türkiye, ce qui leur a permis de se qualifier pour les demi-finales du tournoi pour la première fois depuis 2004. Pourtant, le sélectionneur Ronald Koeman a connu des débuts difficiles pour son deuxième mandat à la tête des Oranje, perdant trois de ses quatre premiers matches. Mais, il a su redresser la barre et les néerlandais ont remporté tous leurs matches de qualification, à l’exception de celui contre la France. Vainqueur de l’Euro 1988 en tant que joueur, l’homme de 61 ans deviendrait une plus grande légende aux Pays-Bas s’il répétait l’exploit en tant qu’entraîneur.

Avec Espagne – France et Angleterre – Pays-Bas, cet Euro 2024 démontre que l’histoire pèse encore très lourd dans un football où le calcul, sur le terrain et en dehors, prend de plus en plus de place. Certains s’en réjouiront. D’autres auraient sans doute préféré un peu plus de nouveauté. Ce dernier carré n’est peut-être pas celui rêvé. Mais il ne pouvait pas être beaucoup plus prestigieux.