La deuxième rencontre des demi-finales de l’Euro 2024 se déroule ce mercredi soir. Elle oppose L’Angleterre aux Pays-Bas. Les deux nations s’affrontent, pour la première fois depuis 1996, dans un tournoi majeur. Malgré ses lacunes, ce match semble éminemment gagnable pour les anglais. Focus sur quelques aspects tactiques de cette confrontation
L’Angleterre face au style de jeu des Pays-Bas
La collection de talents offensifs des Pays-Bas est certainement un cran au-dessus des attaquants que l’Angleterre a affrontés jusqu’à présent, mais l’équipe de Ronald Koeman a également fait preuve de vulnérabilité. Seules l’Allemagne et l’Espagne ont marqué plus de buts que les Oranje, dont les matches ont produit une moyenne de 1,8 but par match, la troisième plus élevée du tournoi. Les Néerlandais se classent au sixième rang pour la possession de balle (55,09 %) et pressent plus agressivement que l’Angleterre ou la France, autorisant leurs adversaires à effectuer 13,2 passes par action défensive. De leur côté, en raison de la combinaison de leurs propres performances et des approches tactiques de leurs adversaires, les matches impliquant la formation anglaise ont été parmi les plus ennuyeux du tournoi, mais le match de ce mercredi devrait être différent.
Ils veulent jouer, et un match ouvert pourrait s’avérer plus favorable aux Three Lions. Alors que la formation des Pays-Bas est écrite comme un 4-3-3 ou un 4-2-3-1, l’asymétrie de leurs deux latéraux leur permet de se transformer en un arrière-trois dans la possession du ballon. Denzel Dumfries, qui évolue au poste de latéral dans son club de l’Inter Milan, est libre de rejoindre la ligne d’attaque néerlandaise depuis l’arrière droit, tandis que le latéral gauche Nathan Ake se glisse dans le couloir pour jouer comme un troisième défenseur central. Cela signifie que les Néerlandais sont plus sollicités défensivement sur leur droite, Stefan de Vrij devant couvrir les raids de Dumfries et défendre le couloir droit. Virgil van Dijk, Ake et, plus tard dans le match, Micky van de Ven patrouillent sur le côté gauche de la défense néerlandaise. Les trois buts de l’Autriche contre les Oranje ont tous été créés par des mouvements sur le flanc gauche.
Les défauts de l’Angleterre
Le problème pour l’Angleterre est que son côté gauche a été un vide offensif dans ce tournoi. Le retour de Luke Shaw dans le onze de départ pourrait l’animer. Si l’on s’en tient aux principes de base, il y a de fortes chances qu’un coureur tel qu’Ollie Watkins ou Anthony Gordon occupe cet espace. Il semble peu probable que Southgate les fasse jouer. Avec une équipe composée de De Vrij, Van Dijk, Ake, Van de Ven et Matthijs de Ligt, les Pays-Bas ont étrangement manqué d’efficacité pour défendre les centres dans leur surface de réparation. Le gardien Bart Verbruggen a été sollicité à plusieurs reprises lorsque la Turquie a mis la pression pour tenter d’égaliser en quart de finale. Les Néerlandais se classent au 17ᵉ rang des 24 équipes présentes à l’Euro 2024 pour ce qui est des buts escomptés sur coups de pied arrêtés, avec 0,39xG par 90 minutes sur coups de pied arrêtés. La France, l’Espagne et l’Angleterre n’ont concédé que 0,08, 0,09 et 0,12xG sur coups de pied arrêtés par 90 minutes, le genre de rendement attendu d’un potentiel vainqueur du tournoi.
Les Oranje sont également loin d’être dominants dans la surface de réparation adverse, se classant au 16ᵉ rang pour les buts attendus sur coups de pied arrêtés, avec un maigre 0,19 par 90 minutes. Les hommes de Southgate doivent cependant améliorer leur jeu et leur efficacité sur les coups de pied arrêtés. Elle se classe au 15ᵉ rang pour les buts attendus sur coups de pied arrêtés, ce qui est loin d’être le cas lors de la Coupe du monde 2018. La formation anglaise devra porter beaucoup d’attention sur Memphis Depay. Aujourd’hui âgé de 30 ans, le joueur occupe des positions plus centrales. Son rôle de faux neuf de l’équipe nationale suscite de nombreux débats aux Pays-Bas, mais si Depay peut frustrer, il peut aussi produire des touches exquises, des pichenettes et des remises en jeu en première intention.
Les joueurs à craindre
Certaines de ses combinaisons rappellent Roberto Firmino à Liverpool, jouant dans l’espace entre le milieu de terrain et la ligne arrière de l’équipe adverse et attirant les défenseurs hors de leur position. La palette de touches de Depay lors du quart de finale contre la Turquie montre à quel point il reçoit souvent le ballon dans ces poches d’espace dangereuses. Face à un faux neuf, le dilemme est de savoir s’il doit être suivi par un défenseur ou transmis à un milieu de terrain central.
Comme Declan Rice et Kobbie Mainoo risquent d’être confrontés à trois milieux de terrain néerlandais, ils pourraient être occupés autrement. Contre la Suisse, le sélectionneur anglais a opté pour une défense à cinq et l’une des vertus de ce système est d’encourager les défenseurs à intervenir et à se montrer agressifs, sachant qu’ils sont couverts. John Stones peut se rapprocher de Depay, tandis que Kyle Walker et Marc Guehi couvrent le défenseur de Man City.
Comme le savent les supporters anglais, la distribution à longue distance de Van Dijk depuis l’arrière, à elle seule, est une arme offensive. Sous le maillot de Liverpool, il cherche à faire passer le ballon sur son pied droit et à ouvrir son corps pour envoyer des diagonales à Mohamed Salah ou Trent Alexander-Arnold. Il cherchera à trouver Dumfries avec des passes similaires.
La stratégie de pressing de l’Angleterre mercredi devrait viser à limiter l’influence de Van Dijk. Pour ce faire, elle pourrait organiser son pressing de la droite vers la gauche, en laissant De Vrij comme joueur de réserve et en encourageant les Néerlandais à jouer de ce côté.
Dans le cas où les Pays-Bas jouent sur leur gauche vers Van Dijk, ils peuvent le presser depuis sa droite pour encourager soit une passe latérale vers Ake, soit un ballon plus risqué vers l’avant avec son pied le plus faible. La palette des passes de Van Dijk contre la Turquie montre qu’il est plus vulnérable aux passes mal placées lorsqu’il joue court et à gauche.
Un gros chantier en défense
Harry Kane s’est montré laborieux lorsqu’il défendait de l’avant, mais éloigner Van Dijk de son pied droit pourrait être l’un de ses principaux atouts mercredi. Avec Mainoo, Rice et Jude Bellingham, l’Angleterre dispose de trois joueurs capables de briser les lignes en dribblant les zones centrales. Une fois qu’ils ont poussé le ballon hors de leurs pieds et qu’ils ont pris leur élan, ces trois joueurs sont très difficiles à arrêter.
Si Koeman s’en tient au système utilisé contre la Turquie, les Pays-Bas évolueront avec deux milieux centraux spécialisés et Xavi Simons devant eux en position de numéro 10. Cela met à rude épreuve Jerdy Schouten et Tijjani Reijnders, qui sont de bons techniciens, mais qui ne sont pas les meilleurs défenseurs, surtout dans les phases de transition.
Selon le site de données footballistiques FBRef, Schouten et Reijnders se classent dans le 56ᵉ et le 17ᵉ percentile pour les joueurs plaqués par 90 minutes parmi les milieux centraux des cinq grands championnats européens. Il y a potentiellement un centre mou que la puissance de course de l’Angleterre peut exploiter.
Les compositions probables
Pays-Bas : Verbruggen – Dumfries, De Vrij, Van Dijk (c), Aké – Schouten, Reijnders – Malen, Xavi Simons, Gakpo – Depay.
Angleterre : Pickford – Walker, Stones, Guehi, Trippier – Mainoo, Rice – Saka, Bellingham, Foden – Kane (c).